Jeudi 6 juin 19** (Pivoine Blanche)

J'étais une élève bien sage, appliquée, studieuse, prenant du bon temps
quand il y avait moyen de le prendre, jouant quand il fallait jouer,
étudiant du mieux que je le pouvais.
J'avais seize ans et demi et j'étais heureuse.
Je me forgeais un monde en secret.

Tout aurait pu continuer comme cela et cette période-là finir ainsi et
ma vie aurait peut-être connu d'autres bouleversements,
mais différents et plus tardifs.

S'il n'y avait eu cet après-midi de juin 19** où je travaillais avec
encore plus d'ardeur que d'habitude.
On avait laissé les analyses de texte habituelles pour des exercices sur
l'écriture qui réveillaient mon amour de l'acrobatie grammaticale et du
jeu sur le style.
Traquer une difficulté, la contourner, me jouer d'elle, avec virtuosité:
quel plaisir !

Je l'en oubliais presque /elle. /
Mais /elle/ ne m'oubliait pas.
Je suis incapable d'imaginer l'impression que je lui faisais, ou les
sentiments qu'elle nourrissait à mon endroit, tout au plus puis-je les
imaginer.
C'est-à-dire, puis-je m'imaginer qu'ils n'existaient pas, du moins, pas
ceux que je me suis mise à guetter ardemment dès ce soir-là.

Tout ça pour ça !

La fin de l'heure approchait, que me restait-il? Une minute? Trois
minutes? Venait-elle seulement de nous prévenir que le cours était fini?
Ou la sonnerie retentissait-elle déjà? Je restais le nez courbé sur mon
cahier, mes cheveux balayaient la page, mes doigts couraient la course
et soudain, elle est venue près de moi, elle s'est penchée vers moi et
elle m'a parlé à l'oreille. Près, si près, trop près.

Je ne me souviens plus des mots qu'elle a employés. Ils n'avaient aucune
importance. Mais ce qui en avait, c'était sa voix. Sa voix et la
proximité de sa personne, épousant quasi la mienne. Sa voix avait comme
littéralement explosé la muraille invisible qui nous isole de l'autre,
des autres. Entre-choc de deux auras. Un millionième de seconde
d'intimité inconnue. Dans un autre monde, ailleurs, bien au-delà des
murs gris et blancs de cette classe, j'étais prise, prisonnière,
terrassée, sans relâche. Pour longtemps.

Dès ce jour-là, mon mariage d'amour s'est métamorphosé en un mariage
d'écriture...

Et quand l'amour est mort, profond, profond en moi, les yeux et la voix
se sont enfouis;

Et l'écriture, seule, a survécu.

Comments

[joëlle]

Belle rencontre, où la voix donne naissance à la voie.

[Pivoine]

Zut alors! Je ne parviens pas à taper les codes italiques! c'est un i entre deux crochets et pour terminer la mise en italique, le i est précédé d'une barre oblique / comme ceci.

Sinon, avant de venir dans l'espace d'administraiton, tu peux toujours copier/coller les textes via wordpad (ou blocnotes dans les utilitaires windows), c'est ce que nous faisions sur paroles plurielles pour simplifier ...

[Pivoine]

....... (sans espaces)

[Pivoine]

Bonjour Ambre... Je vois le problème. C'est quand j'ai écrit en italiques. Dans l'espace d'administration, tu peux passer dans les codes html, celui pour l'italique, c'est ceci un mot pour marquer la fin de l'italique... Et du coup, il faut enlever les barres obliques évidemment.

[ambre]

Bienvenue dans cet espace, Pivoine, et merci pour ce très beau texte dans laquelle affleure l'émotion de la naissance de ton amour de l'écriture ..
PS je vois que j'ai encore des misères avec le "HTLM" (je crois que cela s'appelle ainsi)car je note des espaces dans le texte (comme par exemple .. mariage, et à la ligne "d'écriture") mais je ne peux pas les corriger car ils sont invisibles dans l'administration ! (je ne sais pas si ce que je tente d'expliquer est clair ?)
Il y a déjà eu cet inconvénient avec un texte de Joëlle ..
http://auclairdelaplum1.canalblog.com/archives/2009/05/08/13661382.html#comments
Belle journée à toi Pivoine !