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Au clair de la plume
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  • Un petit blog sans prétention pour les amoureux de l’écriture. Nous proposons cet espace à la publication de vos textes et n’avons ici aucune autre prétention que celle de partager le plaisir d’écrire.
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23 mars 2010

ce matin-là

Ce matin là, elle fut réveillée par les cris d'un nouveau-né. Sans même ouvrir les yeux, elle se souleva, s'assit sur le bord du lit, et commença à chercher ses chaussons en tatonnant sur le tapis du bout des orteils, vaguement attendrie en pensant qu'IL était si fatigué que contrairement à son habitude, IL ne s'était pas déjà précipité vers le berceau mais continuait de dormir.


C'est à ce moment, qu'elle réalisa: les cris ne venaient pas de la chambre d'à côté, mais de l'appartement du dessus, d'ailleurs, il n'y avait plus de "chambre à côté" là où elle résidait maintenant. Il n'y avait que sa chambre, et la place où IL aurait dû se trouver à dormir était froide... depuis combien d'années déjà!!!


Enfilant ses chaussons, elle se leva tout de même et se dirigea vers le séjour. La pièce était entièrement vide, à l'exception d'un immense carré de papier blanc où écrits en petits caractères, se trouvaient les noms de ce qu'elle avait dû répartir, donner, vendre, confier pour être emmené.


Elle se souvenait bien à présent de la chute, des heures passées par terre à attendre une visite, la découverte par un des enfants, et la conclusion qu'ils avaient tiré de cet accident: Lui, mort depuis si longtemps, Elle, trop faible, trop fragile, Eux trop loins, trop occupés...

Et les heures de discussions, d'argumentations pour la persuader d'aller dans un centre où il y aurait une présence permanente pour veiller sur elle...


Ce qu'elle voulait conserver avait été transporté la veille, et elle avait réussi à obtenir un sursis, une dernière nuit dans cet appartement qui avait été le témoin de sa vie solitaire, mais c'était fini.

Son fils allait passer la chercher pour la déposer dans ce fameux centre..


Ce matin là, le moment était arrivé... elle quittait le monde des vivants..

Elle allait commencer à mourir lentement avant d'être morte.


Renard

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Commentaires
L
Ainsi l'amour..toujours,<br /> L'amour d'hier ou de demain<br /> L'amour préssé, l'amour lointain<br /> Et celui qui le sent vibrer<br /> Pour ici nous le conter.<br /> <br /> Merci Renard
J
Cela arrive, comme ça, plein des" moi" d'avant (d'émois) on est obligé de les quitter, de se quitter , de se défaire de soi, on va prendre soin de toi, mais ton âme, mais tes lieux, tes objets tes souvenirs comment vont ils se transformer ? si vite, tant de violence dans tant de cette drole de douceur,( quand elle est là) celle du soin. Et c'est tout, jusqu'au bout. Comment c'est finir? (COMMENCER FINIR) Le texte dit parfaitement cette rupture, cette douleur obligée terrifiante,cette fatalité dans une société qui sépare, cloisonne, met au rebut. IL EST BIEN CE TEXTE; l'écriture colle au thème,l'émotion est là. <br /> C'est étrange, juste au moment où je lis "jE NE SUIS PAS ENCORE SORTIE DE MA NUIT" d' Annie Ernaux qui consigne DS un journal les derniers moments de sa mère dans un établissement, ses derniers mots même s'ils sont incohérents. Les derniers mots qu'elle avait écrit étaient ;" je ne suis pas encore sortie de ma nuit".
A
c'est beau, c'est touchant, cela fait mal.. où est le temps où nous prenions nos aînés avec nous ?<br /> Merci pour ce très beau texte, Renard
W
Ah, ne me parlez pas de ce qui m'attend...<br /> Surtout avec tant de réalisme.
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