Pardon ? (Lilouette)
Elle était venue là dans cette maison au bord de la mer. Le séjour lui coûtait cher mais tout à un prix avait-elle pensé.
Après sa baignade matinale, elle avait enfilé à la hâte une robe, enfin un morceau de tissu faisant office, coiffé un chapeau trop grand, et, les lunettes de soleil sur le nez, pied dans des tongs, elle s’était assise ou plutôt s’était laissée tomber dans la vieille chaise longue dégottée dans un appentis et qu’elle avait soigneusement brossée et lavée à grande eau.
Elle ferma les yeux ; elle voulait garder au fond d’elle la couleur bleue. Topaze comme la mer ou saphir comme l’anneau sertie de la même pierre offerte quinze ans plus tôt.
Elle voulait entendre le ressac de l’eau s’écraser sur le sable doubler d’un gazouillis d’oiseau qu’elle ne saurait identifier. Elle voulait se souvenir du timbre chaud de sa voix quand il lui avait apporté en souriant sa première tasse de café matinale.
Elle voulait encore toucher la peau douce du bébé tout rouge vagissant réclamant ses soins ; sentir cette odeur aigre de lait caillé qui lui avait soulevé le cœur au début et qui maintenant lui manquait.
Elle s’abandonna à la caresse du soleil à l’odeur des lauriers roses qui embaumaient, et aux bruits légers qui l’entouraient. Peu à peu, elle ne put refouler les souvenirs de cette vie qui affluaient et refluaient. Elle ne put retenir les larmes salées qui coulaient et la réponse lui vint tout naturellement. Il lui accorderait le pardon ? Une passade même pas l’ombre d’un sentiment.
Quelque part au loin, un chien aboya… Oui elle reviendrait vers Lui, vers Eux…
Elle s’assoupit… Elle se sentait enfin en paix avec elle-même.