DIEPPE (Brie)
Il lui avait dit qu’elle avait carte blanche, qu’il lui faisait entièrement confiance quand il devait s’absenter.
Une intuition, voilà ce qu’elle ressentait comme une vérité. L’intuition qu’il lui cachait quelquechose de grave, d’important. Lui qui, depuis qu’il l’avait embauchée, sur son insistance à elle, ne lui avait JAMAIS laissé aucune initiative.
Au bureau comme à la maison, il avait un pouvoir absolu sur elle.
Alors, pourquoi retournait-elle sans arrêt cette phrase dans sa tête ?.Pourquoi, dès le réveil, et encore quand elle n’en rêvait pas la nuit, cette phrase lui trottait toujours dans la tête ? Cette nuit , une de plus depuis qu’il était parti , n’avait été qu’angoisses et cauchemars.
Elle, qui jusque présent n’avait jamais eu aucun soupçon envers lui, commença à se poser des questions. C’était décidé, demain elle fouillerait son bureau de fond en comble.
Ce qu’elle fit minutieusement.
Et ce qu’elle trouva, ce petit mot plié en quatre sous un dossier du tiroir du bureau l’a conforta dans le fait que ce brusque changement d’attitude avait sa raison d’être.
Elle essaya de se dire que c’était une situation banale, que chaque seconde dans le monde, une femme ou un mari trompait son conjoint. Que nous ne sommes, après tout, que des animaux.
Elle essaya de rationaliser froidement en se disant que ce n’était qu’un contact entre deux corps. C’est tout. Qu’il n’y avait pas là de quoi en faire un drame.
Mais non, c’était trop violent. Elle en crevait à petit feu dans sa tête. Elle, qui s’était dévouée à lui, corps et âme. Jamais, elle ne pourrait lui pardonner.
Elle décida de partir. Comme ça. Sans explication pour lui.
C’est le coeur et la tête dévastés qu’elle débarqua à Dieppe. Elle resta des heures, prostrée sur la plage. Ses pensées comme dans un cul-de-sac., en essayant vainement de ne penser à rien pour s’apaiser la tête.
Et puis, d’un coup, une chaude sensation de bien être l’enveloppa. Elle comprit qu’elle ne l’aimait plus. Et que cette tromperie lui avait ouvert les yeux. Elle allait le quitter pour toujours et vivre enfin pour elle-même. Car maintenant, elle ressentait. Elle SE ressentait. Il n’y avait rien d’autre. Elle laissa totalement la tranquillité l’envahir.
L’orage venait brusquement d’éclater. Mais elle, elle se sentait enfin en paix avec elle-même.