En sort, scellée. (Miss M)
Mai, Washington, Muséum d'Histoire Naturelle.
Je souris... Flawless me laisse circonspecte mais c'est mon mauvais esprit qui règne ici, car les traces innombrables de doigts sur les vitres de protection me font penser que je devrais revenir à l'ouverture pour profiter de la perfection de cette impressionnante boule de Cristal !
- Demain, entre chien et loup, allez à Rock Creek Park et suivez le renard gris...
Surprise par la teneur de cette injonction, je me retourne pour voir une très belle femme me sourire. Éberluée, je lui demande si c'est à moi qu'elle s'adresse...
- Vous voyez quelqu'un d'autre, ici ?
Effectivement la pièce, certes peu fréquentée quelques secondes auparavant, était vide...
- Mais pourquoi me dites vous...
Disparue... elle avait disparu ! Je n'en revenais pas...
Le temps de laisser à mon cœur se calmer, je quittai les lieux quelque peu abasourdie.
Mon esprit, lui, avait besoin de beaucoup plus pour ne pas s'évaporer sous la force de l’ébullition qui le tourmentait.
Le lendemain matin, en ouvrant le journal, un titre me saute aux yeux « Disparition déconcertante au NMNH ». Suivait l'article qui parlait du larcin avec presque plus de points d'interrogation que de mots. J'hésitais entre raconter ce que je savais à la police où courir au parc. Je ne fis ni l'un ni l'autre : je n'avais aucune envie de passer au mieux pour douce-dingue, au pire quelques heures à l'ombre ; et il était trop tôt pour suivre un quelconque renard !
Et puis cette histoire commençait à m'irriter sérieusement.
C'était sans compter sur Mauvais Esprit et Curiosity ! Poussée par ces deux là, je me retrouvai au milieu des arbres en pestant que je n'étais qu'une ridicule bourrique en mal de se faire panouiller quand une ombre passa entre les troncs. La balade fut de courte durée et la surprise fut totale même si je savais ce qui m'attendais, même si je n'y croyais pas, même si les canards sauvages sont aussi les oiseaux du Bon Dieu... Même si, même si.... Toujours est-il que l'objet du délit se trouvait en travers de mon chemin (fort bien exposé au demeurant !) sur un socle de bois joliment ouvragé et devant la dame qui avait revêtu d'une magnifique robe rouge son corps parfait de délicatesse.
- Approche toi, regarde la et écoute moi !
- Vous savez, je n'aime pas trop...
- Je sais
- Et puis je ne crois absolument...
- Je sais
- Sans compter que...
Le cristal se mit à briller comme un saphir, captant mon regard. Une image extrêmement précise s'y forma
- Un jour tu iras en ce lieu, tu devras entrer sans crainte. Ce jour là tu saura. Maintenant tu peux aller.
- Mais qu'est-ce...
Encore une fois, Madame se déroba avec talent, me laissant coite bien que passablement énervée.
Septembre, Morbihan, la ria d'Etel
Mon voyage aux US remontait à deux ans maintenant. Certaines nuits j'avais des rêves étranges qui me laissaient un parfum de bien-être incroyable, mais j'avais repris ma vie et doucement j'en arrivais à penser que cette aventure n'était elle aussi qu'un songe.
Mon ami d'automne (oui, un par saison... des questions ?) m'avait proposé une escapade océanne et la clémence du ciel nous accompagna au long de nos promenades dans les ajoncs et les genets.
La matérialisation soudaine de la maison de Cristal me cloua sur place.
Je prétextai un léger malaise pour retourner à l'hôtel.
Je savais que mon compagnon dormirait une grosse partie de la matinée, et c'est avec une détermination aussi insoupçonnée que mon angoisse me nouait les tripes que je me rendis à la maison.
Elle m'avait dit "sans crainte" mais je passai tout de même le seuil le coeur battant, comme elle l'avait prévu, la porte n'était pas vérouillée. La maison était vide, sauf qu'au centre de l'unique pièce se trouvait une corbeille finement tressée sur laquelle un papier était posé.
- La charge qui te revient sera douce et tu la meneras à bien en confiance. Sois en remerciée !
Je n'avais pas fini de lire qu'un joyeux babil sortit du panier.
Sidérée, complètement hébétée, les questions se bousculaient avec l'incrédulité dans ma pauvre tête. Pour une fois Mauvais Esprit ne trouva rien à dire, me laissant aussi ahurie qu'un chat devant une souris qui miaule.
Le bébé me regarda, son sourire malicieux et ses yeux saphir me firent immédiatement penser à une certaine rencontre. Il me tendit les bras et je ne pus m'empêcher de le prendre sur mon coeur.
Inutile de vous dire, qu'à partir de ce moment, ma vie fut totalement tourneboulée.
Pour commencer, en sortant de la maison, je rencontrai un joli caillou qui m'amena directement aux urgences pour vérifier l'état de ma cheville. A l'acceuil on me demanda évidemment ma carte vitale, le coup de théatre qui suivit força mon admiration :
Derrière son ordinateur la secrétaire s'exclama :
- Oh ! Il a un prénom étonnant, votre enfant !
- ...
- C'est un garçon ou une fille Aniel ?
- Euh... C'est un garçon et c'est ... un ange !
Un ange qui avait tout une réalité, même administrative !
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