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Au clair de la plume
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14 novembre 2009

L’eidétique (Brie)

Il s’éveilla ce matin avec une étrange impression. Il s’étira, resta assis un instant sur son lit, toujours pensif. Il faisait froid dans le petit studio. Décidément, il faudrait vraiment qu’il fasse réparer cette chaudière ! Il prit son petit-déjeuner, fit les gestes matinaux habituels, machinalement. Son esprit restait ailleurs, dans ce rêve qui l’intriguait. Comme tous les matins, il alluma sa première cigarette, debout devant la fenêtre de sa cuisine..
Il aimait ce moment, aspirant à pleins poumons cette  drogue  dont il n’avait jamais réussi à se débarrasser, et qui, croyait-il,  l’aidait à commencer sa journée sans  trop de heurt.

Il regardait les passants, le visage triste, le regard vide, se diriger rapidement vers leur lieu de travail. Aucun  ne se saluait.  Seuls les enfants qui se rendaient à l’école arboraient un air joyeux, parlaient entre eux, insensibles au froid où à la pluie.

Souvent, il se demandait pourquoi l’insouciance de l’enfance se perdait au fil des années qui passent.

Mais ce matin là,  ses pensées n’étaient pas tournées vers le monde extérieur. Il restait troublé par cette vision onirique. Pourquoi cette image venait elle de m’apparaître ? se demandait-il…

Etait-ce un signe alors que cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas pensé à elle ?. Il en avait fait des efforts pour en arriver à ce qu’elle cesse d’occuper ses pensées !  Que de nuits blanches passées dans les bars à se noyer dans l’alcool – à aspirer des heures durant les effluves délétères qu’il croyait alors nécessaires à sa survie… Il ne sait encore quelle force l’avait aidé à s’échapper de ces ténèbres qui l’avaient mené presque au seuil de cette porte dont on ne revient pas.

Mais oublie t’on vraiment ? totalement ? se demanda t’il. Non, c’était un fait. Preuve en était cette vision d’une réalité surprenante. …
Il se secoua,. Il devait se préparer à sortir s’il ne voulait pas un fois de plus arriver en retard au bureau et recevoir les invectives habituelles de sa hiérarchie.

Et maintenant, c’était lui, dehors,  emmitouflé dans son vieil imper dont il tenait le col serré contre lui tant la pluie était cinglante. Il marchait d’un pas alerte et d’un coup, s’arrêta, frappé de saisissement. Elle était là, face à lui, si absente et pourtant si réelle…. Il aurait pu la toucher, lui parler mais la peur le tétanisa.

La souffrance qu’il avait refoulée au plus profond de son être le submergea tout entier, dans une douleur  térébrante qu’il espérait ne plus jamais ressentir. Puis d’un revirement soudain, une vague de chaleur bienfaisante l’enveloppa d’une intensité si joyeuse qu’il se demanda s’il ne devenait pas fou.

Il se rappela les dernières paroles qu’elle lui avait susurré : « je reste auprès de toi ». A l’époque, ces mots ne lui avaient été d’aucun secours mais, là, à cet instant, il venait d’en  comprendre la profondeur. 

Elle serait toujours là, oui, dans son cœur. La joie de vivre s’écoula à nouveau dans ses veines, comme une nourriture roborative et lui apporta un sentiment de bien-être qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps.

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Commentaires
J
tout est ramassé dans la vérité du "je reste aupres de toi, histoire sensible et bien menée, qui ramène à des choses qu'on a pu ressentir qui nous font dire merci à la vie....Malgré tout.
L
Ce que nous avons à connaître se pose sous nos pas de bien étrange façon..<br /> J'ai aimé la minutieuse description de "l'essence des choses " jusque dans le mystère du titre .
W
Intéressant votre titre. N'étant ni philosophe ni (Dieu merci) psychologue, j'ignorais jusqu'à l'existence de ce mot.<br /> Belle démonstration de la puissance de l'image, en tout cas.
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